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Barbouilleurs − 1/55
aquarelle2
Barrage
 
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[4] Commentaires des visiteurs du site
denet serge
Samedi 22 Juin 2013 15:11
Bravo, Joelle Denet Braga, ton aquarelle très jolie, tu te débrouille ,pas mal .mais aussi notre neveu Adien peint , trés bien.il devrait les exposés. bisous a vous deux Serge Denet ET Bonjour aux Menervillois
Djillali B.
Mercredi 7 Mai 2014 8:07
à Madame Planque, Anissa et les autres...

Le mur.
Il faisait très froid et un ciel gris, très bas à se confondre au sol ruisselant d’eau, déversait sur la ville une pluie très fine qui zébrait, depuis ce matin, cette ruelle mal éclairée. La pénombre s’invitait très rapidement en ce début janvier et l’hiver brumeux et humide de ces derniers jours s’est installé insidieusement comme une présence qui s’impose, persistante jusqu’à en devenir lassante parfois. La voiture allait à un rythme lent et le bruit monotone des balais d’essuie- glace meublait le silence de cette harassante fin de journée. Le conducteur se cramponnait au volant de son véhicule et, attentif malgré la fatigue d’une longue journée de labeur, il surveillait les rares piétons dont l’ombre pressée dansait sur les façades et qui pouvaient très inopinément traverser furtivement la ruelle claire- obscure. Les magasins commençaient à baisser leurs rideaux et la ville se préparait peu à peu au silence. L’éclairage public, très chiche, donnait aux choses des formes incertaines et diffuses qui laissaient naître un sentiment d’irréel. Les pâtés d’immeubles aux murs lépreux, couverts de graffitis pouvant aller jusqu’à l’ obscène ici et là longeaient le macadam en sorte de forteresse sombre, haute, longue, interminable qui imprégnait le passant d’une sensation étrange, parfois menaçante, suscitant une angoisse latente, sourde, indéfinissable.
La voiture accéléra au sortir d’un tournant, puis freina brutalement, se rangea sur le bas coté, dans un crissement de freins martyrisés. Une portière s’ouvrit à la volée puis un homme engoncé dans un manteau de laine déroula sa haute stature sur le trottoir et fonça tête baissée vers un magasin resté encore ouvert. L’œil pourtant éteint, il avait repéré, par on ne sait quel miracle, des sachets de lait jetés négligemment dans un bac de plastique, à la propreté plus que douteuse. L’homme se pencha, en prit deux ou trois qu’il s’empressa de fourrer dans un sachet noir, régla la somme exigée par l’épicier en crachotant sa colère contre l’avidité des commerçants qui suçaient le sang des pauvres gens en période de pénurie et se remit au volant. La pluie s’était remise à tomber plus violemment encore.
A mi-chemin de chez lui, il remarqua une silhouette familière, celle d’une femme courbée sous un parapluie que le vent secouait comme un prunier et qui essayait malgré tout d’avancer, mais d’un pas lent, mal assuré, comme forcé, luttant contre un poids invisible qui scotchait ses semelles sur des pavés jonchés de détritus et de sachets de plastiques qui fuyaient devant ses yeux alourdis par le sommeil vers le plus proche collecteur d’eau de pluie . La femme se dirigeait certainement vers l’arrêt d’un hypothétique bus à cette heure tardive de la journée. Il laissa traîner son regard, la suivit furtivement du coin de l’œil et finit par accrocher un sourire crispé qu’il reçut, de par-dessous le parapluie, en retour du sien car Il venait de mettre enfin un nom sur l’inconnue de la ruelle. C’était sa voisine de quartier, l’amie de sa grande sœur. Il ralentit à s’arrêter presque et la femme marqua le pas, puis, il réfléchit un moment, hésita, pesa le pour et le contre, lutta un moment contre lui-même, regarda le ciel humide devenu, depuis, totalement noir, et cette pluie qui redoublait d’ardeur, faillit céder. Mais les préjugés enracinés depuis la nuit des temps furent les plus forts, alors, il secoua la tête, gomma son sourire, détourna le regard, enclencha sa vitesse, le moteur vrombit nerveusement. Il redémarra sans regarder derrière lui, en baissant les yeux, l’air pensif et désolé de l’homme qui n’en pouvait mais, car, il avait appris , connaissance tacite transmise par un code non écrit, que nulle femme ne devait pas être vue en compagnie d’un homme extérieur à sa petite famille, même voisin d’immeuble ou de quartier, même connu pour sa conduite jugée par tout un chacun irréprochable et les meilleures intentions du monde s’émoussent ainsi, butant souvent, lamentablement, contre un mur terrible, un mur imaginaire, solide que certaines valeurs et le tout puissant « qu’en dira-t-on » ont érigé dans la société comme une véritable muraille de Chine , faisant naître des pratiques ou des comportements dans la vie de tous les jours qui vont, de temps en temps, à l’encontre même du bon sens, à faire douter parfois de l’intelligence des hommes.
Djillali B.
Geneviève Planque
Dimanche 11 Mai 2014 17:22
Ah Djillali ...quelle plume ...
Je me suis projetée dans le décor tellement c'était réel! Tu as l'art en peu de mots à exprimer ta pensée ou ton imaginaire. La morale de ton histoire est très juste.
Amitié
Geneviève Planque
Geneviève Planque
Dimanche 11 Mai 2014 17:23
Bravo Joelle c'est une belle aquarelle.
Geneviève P.
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