Le col des béni-aïcha
Béni-Aïcha : Avant la conquête de l’Algérie et jusqu’en 1874, le col sur lequel fut choisi le site du village arabe s’appelait Béni-Aïcha. Le village qui allait devenir Ménerville portait le nom de Thénia, nom repris après l’indépendance en 1962.
Situation du Territoire du col des Béni-Aïcha aux alentours de 1850 :
étendue : 1020 ha., à 200 m d’altitude, à 54 km à l’Est d’Alger.
Position géographique et stratégique importante : passage le plus facile et le plus fréquenté entre la Mitidja et la Kabylie.
Limites du territoire :
- Au nord : par la mer méditerranée
- Au sud : par une zone montagneuse
- A l’est : par les communes de Courbet, Félix-Faure, les Issers.
- A l’ouest : par la commune de l’Alma.
Composition :
Hameaux de Blad Guitoun (Félix-Faure),
Bellefontaine et Souk El Haâd.
CREATION DE LA CITE
- Juillet 1860 : arrivée de Paul Just, originaire d’Embrun (Hautes Alpes). Titulaire d’une concession au col. Homme courageux qui pousse quelques habitants présents à la construction des maisons en bois, d’où l’appellation de “Village en bois” par les autres colons.
- Relais de diligences : emplacement du café Bagur.
- Une chapelle en bois : emplacement de la distillerie Tachet.
- Evolution lente du village : les habitants vivent du maigre produit des terres et de l’arrêt des voyageurs à la halte de la diligence.
Dénomination du village :
En 1864, le Maréchal de mac mahon, alors Gouverneur de l’Algérie, demanda à Paul just, créateur courageux de la cité, de lui donner son nom. Celui-ci refusa ne sachant dit-il, à peine signer son nom.
Ce fut donc en mémoire de Charles-Louis pinson de ménerville (1808-1876), juriste apprécié, ayant étudié le droit musulman et indigène, Premier président à la Cour d’Appel d’Alger, que le nom de Ménerville prit la place de celui du nom arabe : Thénia ou Thnïa (décret du 02 janvier 1877).
Période néfaste :
- Guerre de 1870 et lourde défaite à Sedan. Annexion des territoires d’Alsace et de Lorraine par les Prussiens.
- Lente progression de Ménerville : la population compte environ 200 habitants.
- A la faveur du désastre de 1870, insurrection kabyle dirigée par El Mokrani. Le village fut pratiquement détruit en 1871.
Les Kabyles furent arrêtés par des milices de colons, aidées de militaires, dans la plaine du Corso.
- Révolte stoppée par un bataillon de zouaves à Fort National.
Retour à la vie du village :
- Repeuplement : environ 250 habitants
- 1873 : Fondation par les Jésuites et construction de la paroisse St Léon, baraquement en bois.
- 1875 : élection du premier maire : A.Lesturgie. Ménerville devient commune de plein exercice.
- 1878 : Décès de a. lesturgie.
paul just est élu maire. Reconstruction du village sur le même site grâce aux colons en place, Alsaciens et Lorrains arrivés après la défaite de Sedan.
- 1880 : Donation de terrains par paul just à la compagnie des Chemins de Fer, construction de la gare.
Ce don spontané fit prendre un essor décisif à la petite ville.
La halte des diligences devint celle des trains à vapeur, les écuries,des petits hôtels-restaurants.
- 1881 : Paul JUST, déçu, ne se représente pas aux élections. Louis Lecerf le remplacera.
-- 1883 : Un hôpital en planches est construit.
- 1884 : Gabriel Fages succède à Louis Lecerf .
- 1887 : Le 1er Janvier, la ligne du Chemin de Fer de Maison Carrée à Ménerville est ouverte au trafic.
Construction de commerces, afflux de fonctionnaires grâce au Chemin de Fer. Des familles métropolitaines vinrent peupler le village.
- 1888 : Retour de paul just ; réélu comme maire malgré lui, œuvre pour le plus grand bien du village.
- 1892 : Lui succède à nouveau g. fages. Ménerville devint une agglomération importante. Création d’un dépôt des Chemins de Fer, d’un atelier de réparation, une rotonde 20 voies. Important chantier, Ménerville fut le seul dépôt des Chemins de Fer entre Alger et Constantine.
- 1906 : Grand deuil au décès de paul just qui venu s’installer quelques 80 ans plus tôt au Col des Béni-Aïcha contribua de toute son énergie et de tout son courage à l’évolution de Ménerville.
Les maires qui ont suivi :
- 1906-1910 : joseph patton
- 1910-1912 : philippe jalabert
- 1912-1935 : césar boniface
- 1935-1939 : jérôme zévaco
- 1940-1945 : de sulauze
- 1945-1957 : jérôme zevaco
pharmacien. Il était corse d’origine et avait été l’adjoint de césar boniface. Il fut reconduit comme 1er Magistrat jusqu’à son décès.
Il fut probablement le maire qui a le plus marqué la commune de son empreinte. Grâce à ses fonctions, ses compétences, son opiniâtreté, il réussit contre « vents et marées » à conserver le Dépôt des machines à Ménerville, déjouant ainsi les intentions de la direction des C.F.A. de regrouper les ateliers au grand dépôt d’Alger.
- 1958 Une délégation spéciale fut créée avec Mr ducourneau, Administrateur et h .perrochon.
C’est henri siegwald, descendant d’une des premières familles alsaciennes arrivées en Algérie qui prit en main la destiné de notre territoire communal jusqu’à l’indépendance en juillet 1962.
L’ère prospère du village :
Début du 20ième siècle : la population de Ménerville, européens et musulmans confondus comptait sensiblement 8500 habitants (8749 en 1906) et à la veille de l’insurrection en 1953, 18808 habitants.
- Ménerville connut une
intense activité économique sous l’administration des différents maires.
- La loi Loucheur permit aux habitants de construire de jolies villas qui
embellirent la ville.
- Trois cités composaient alors Ménerville : la Cité Just, la Cité Morla et la Cité Siegwald.
- Ménerville véritable petite ville est devenue « chef lieu de canton ». Le plan de l’agglomération était classique avec ses rues se coupant à angle droit. On y voyait :
- Un kiosque à musique, sur la place, où avaient lieu concerts, foires et fêtes.
- Une mairie en bordure de la place, dans un style de temple grec entourée de bananiers. Jean-Armand Camps a participé à cette construction. La jouxtait, une grande salle des fêtes : pièces de théâtre, fêtes des écoles, bals populaires.
- Plus haut l’église St Léon, datant de 1875, était de murs blanchis, son clocher était carré.
- Près d’elle l’école de filles. Les classes étaient fréquentées par différentes ethnies.
- Existait aussi un temple protestant fondé semble- t-il par les Alsaciens ; là encore participation à sa construction en 1933, de Jean-Armand camps. Les premiers missionnaires connus par les familles dick camps et mermier (Les Issers) étaient Mrs cook, duffey, le Pasteur Ernest creissac, et plus connu des jeunes générations le frère Pierre etienne de la Communauté de Tézée.
Tout était centralisé dans le village :
- justice de paix, hôpital, hospice, docteurs, sages- femmes.
- contributions directes, indirectes, diverses.
- ponts et chaussées sous l’égide d’un ingénieur.
- recette postale, L.T.T.
- gendarmerie cantonale, pompiers composés de bénévoles.
L’activité de ce chef lieu de canton, avec les petites agglomérations qui lui furent rattachées - Belle-fontaine, Le Figuier, Le Rocher Noir, Souk El Haâd- restait tributaire du poumon que représentaient les Chemins de fer dont les “rouages” amenèrent de nombreux fonctionnaires augmentant ainsi la population.
Vie associative :
Ménerville comptait un grand nombre de sociétés telles que :
L’Association des Alsaciens-Lorrains, l’Amicale des Corses, les Communautés des Bretons, des Catalans, les Anciens Combattants, les Médaillés militaires.
Pour les fêtes et les bals des groupes musicaux : Duck Jazz et surtout Young Jazz très réputé pour ses paso-dobles, tangos, valses etc…
Enfin le S.C.M., Sporting Club Ménervillois aux couleurs jaune et noir, dont le siège était au Café Bagur. La performance des joueurs enflammait ses supporters aussi la 3ème mi-temps était-elle enthousiaste…dans les cafés qui s’échelonnaient tout au long de la rue nationale.
Climat social de la ville :
- Climat d’entente et de tolérance entre les deux communautés.
- Il n’était pas rare d’y voir pratiquer des jeux communs: belote aux terrasses des cafés, boules.
- Participation à des bénévolats : sapeurs pompiers, jouer à la clique pour fêtes et défilés ;
- Participer à des gestes honorables lors des quêtes.
Fin de l’histoire de Ménerville et de sa région :
Dans les années heureuses et prospères les communautés étaient suffisamment liées évitant ainsi les heurts, permettant plus de compréhension et de tolérance. Hélas les heures sombres de l’indépendance mirent un terme à cette osmose, à tant d’œuvres, de labeurs, de peines, de joies, à tant d’amitié et de bonheur.
Voici pour conclure deux citations destinées :
- l’une pour nous qui avons dû partir gardant en mémoire ce merveilleux village : « Les souvenirs du bonheur passé sont les rides de l’âme ».
- l’autre pour ceux qui ont voulu que nous partions
« Le malheur, c’est toujours la même chose, c’est le bonheur ancien qui ne veut pas recommencer ».
Voici un extrait du livre en préparation.
Les textes historiques représentent les nombreuses recherches effectuées par andré zicaro.
Les descriptions plus spécifiques sont tirés de textes écrits par jacqueline raymond, eugène dustou, marcel pellerin, pierre petit, maurice roland, claude siben-bicaïs et gabriel villalonga.
La présentation, la mise en page et les dessins sont de christian miralles.