ESQUISSE AGRO-GÉOLOGIQUE

du territoire de MÉNERVILLE

 

 

 

1° Aperçu géographique. — A 50 kilomètres à l’Est d'Alger, dans le rideau de montagnes ondulées qui bordent l'horizon de la plaine de la Mitidja, se distingue une trouée assez large, aux flancs évasés et symétriques, qui laisse percevoir la première ligne de crêtes du massif de la Kabylie ; cette trouée, c'est le Col des Beni-Aïcha, dans lequel s'est installé et développé le centre de Ménerville.

A 140 mètres d'altitude, dominant à l'Ouest la partie orientale de la Mitidja, à l'Est la vallée inférieure de l’Isser, la dépression des Beni-Aïcha, bordée par des sommets de 400 à 500 mètres, présente le seul passage naturel facile d'Alger vers l'Est. Ce Col a été de tout temps traversé par les chemins se dirigeant vers les vallées du pays Kabyle, dont il est la véritable porte. C'est de ce point que divergent les routes de pénétration de la Kabylie du Djurjura, vers Dellys, Tizi-Ouzou et le massif de Fort-National, vers Dra-el-Mizan et la vallée de Boghni. C'est ce passage qui était naturellement indiqué pour les grandes voies de communication avec la province de Constantine.

C'est à cette situation privilégiée qu'est due l'origine du centre, d'abord formé de quelques auberges et de relais, et qui vit son importance s'accroître avec l'ouverture de la route des gorges de Palestro, avec le chemin de fer qui eut Ménerville comme tête de ligne de 1881 à 1885. L'agriculture s'empara peu à peu de la région et prit un développement continu depuis 1871, date de la création des principaux centres voisins, et de l'extension de la colonisation dans les vallées de la Basse-Kabylie.

La dépression de Ménerville est comprise entre le massif des Khachna, au Sud, et le Djebel Bou-Arous ou massif de Ménerville, au Nord. Ce dernier chaînon forme le promontoire terminal au Nord-Ouest de la ceinture montagneuse qui enveloppe en un arc de cercle continu le massif de la Kabylie; la ligne de crêtes présente une série de mornes arrondis ou de dômes d'une altitude de 420 à 444 mètres, et se termine à l'Est par l'escarpement rocheux de Sidi-Feredj (452 mètres), dont la retombée à l'Est au-dessus des collines basses de Blad-Guitoun ne manque pas de grandeur. Vu de l'Ouest, le massif de Ménerville offre une grande analogie d'aspect avec le massif de Bouzaréa, dont il se rapproche par beaucoup de caractères physiques. Le versant Sud s'abaisse assez rapidement vers le Col; du côté Nord, les contreforts courts, profondément ravinés, descendent à une plate-forme mamelonnée, bordant sur une largeur moyenne de deux kilomètres un rivage que découpent les récifs du Cap-Blanc, Ce massif est plus ou moins recouvert de broussailles, parfois impénétrables ; sur les sommets, quelques boisements de chênes-liège se sont conservés ; sur les pentes adoucies, dans les clairières, quelques cultures de céréales, des pâturages et des vergers entourent les agglomérations assez nombreuses, mais peu étendues, où les indigènes habitent des gourbis en chaume.

Au Sud, le massif des Khachna occupe une région montagneuse très accidentée, dont l'axe principal, dirigé du Nord au Sud, se rattache à la chaîne des Ammal ; des sommets culminants, à l'altitude de 630 mètres, divergent des contreforts séparés par de profonds ravins, affluents de l’Isser à l'Est, et de l'Oued Corso à l'Ouest. Les crêtes généralement couvertes de broussailles, avec quelques boisements localisés de chênes-verts et chênes-lièges, abritent de nombreux et importants villages, dans lesquels se retrouvent tous les caractères de site et de constructions des villages kabyles des environs de Fort-National, avec leurs vergers d'oliviers superbes et de figuiers, admirablement entretenus.C'est un coin du pays Kabyle des Zouaoua que l'on retrouve intact dans les Beni-Khrelifa, en rapport avec la même nature du terrain, comme un îlot isolé au milieu de populations qui se sont adaptées à d'autres habitudes sur des sols différents.

Entre ces deux massifs, le seuil déprimé de Ménerville offre un aspect bien différent, avec ses collines moutonnées, ses terres argileuses en majeure partie dénudées et cultivées ; c'est un véritable couloir, à peine large de 5 à 600 mètres dans sa partie centrale concave, et qui s'élargit progressivement, en s'abaissant de part et d'autre, à l'Ouest vers le plateau du Corso, à l'Est vers la vallée de l’Isser . La direction médiane de cette dépression, tracée à l'Ouest par l'Oued Bou-Merdès, à l'Est par le ravin de l'Oued Arbia, est orientée de l'O, N. 0., à l'Est. S. E., parallèle­ment à l'axe du Djebel Bou Arous, du chaînon Nord. Les ravinements de l'Oued Bou-froun et de ses affluents, qui se dirigent vers le Bou-Merdès, ont découpé vers l'Ouest une succession de mamelons ondulés, en partie couverts de maigres broussailles, qui se rattachent dans l'ensemble à une plate-forme faiblement inclinée, dont l'élargissement à la hauteur de Bellefontaine atteint 4 kilomètres. La route s'élève de ce côté en pente douce, tandis que vers l'Est, la chute est rapide du col à la bordure de la plaine de l’Isser où la route descend de 140 à 50 mètres sur deux kilomètres. Dans cette descente, la vue se porte sur un pays bien varié d'aspect, qui passe par une gradation ménagée des belles et fertiles plaines de l’Isser  aux collines accidentées, puis aux chaînons hardiment détachés, formant la ceinture et les bastions du pays kabyle, et convergeant vers les superbes crêtes dentelées de la chaîne du Djurjura. Ce qui contribue le plus à captiver le regard, c'est l’aspect admirablement verdoyant de cette région, vestibule de la Kabylie, dont le col des Beni-Aïcha est l'entrée.

C'est surtout des hauteurs qui culminent au Nord de Ménerville que le panorama se développe avec toute sa pittoresque variété. A l'Ouest, c'est Bouzaréa et la tache blanche d'Alger, puis l'étendue de la Mitidja et la ligne de l'Atlas, le Bou-Zegza aux formes hardies, se poursuivant au Sud par la chaîne découpée des Ammal et des Beni-Khalfoun, dans laquelle se distingue la coupure des gorges de l’Isser, aux rochers découpés et abrupts. Au Sud Est, par delà les montagnes des Flissa, se profilent les hautes cimes du Djurjura occidental, aux flancs étincelants sous le soleil. Vers l'Est, par la trouée d'Haussonviller, on distingue le sommet du Belloua et la dépression du Sebaou pénétrant au cœur de la Kabylie, puis plus au Nord, les monts de Taourga et de Dellys.

2° Aperçu géologique. — La carte géologique, à l'échelle du 50.000e (feuille de Ménerville et bordure Nord de la feuille de Palestro)[1], montre la complexité des formations, groupées autour du Col de Ménerville, et explique la variété de nature des terrains de la région avoisinante.

 

A.  Massif ancien. — Le massif des Khachna est une dépendance du massif ancien de la  Kabylie ; il appartient aux plus anciennes formations du littoral algérien, que l'on désigne  sous le nom de terrain archéen et précambrien. Les roches constituantes se composent  de schistes cristallins, micaschistes et gneiss, et de schistes argileux intercalés de roches siliceuses ou quartzites. On y trouve distribués d'une  manière irrégulière des amas de calcaires cristallins, durs, utilisés comme pierre à chaux, ou matériaux de construction.

Les schistes sont traversés et sillonnés de filonnets de quartz, qui se fragmentent en petits éclats couvrant le sol par places.

Les micaschistes et schistes micacés, se désagrègent facilement à la surface, parsemée de brillantes paillettes de mica argenté ou doré. Les gneiss constituent des masses plus rigides, souvent rocheuses, traversées de filons de roche feldspathique blanche, avec cristaux et veines de quartz à éclat vitreux.

Le massif de Ménerville, au nord, est formé en majeure partie par des schistes micacés et des gneiss, dont l'ensemble représente une île détachée du massif ancien voisin, et entourée par des terrains de formation tertiaire récente.

Une grande partie de la crête du Bou-Arous et des contreforts au Nord sont formés par ces terrains anciens, qui s'étendent jusqu'au rivage, au pied de la falaise du cap Blanc.

 

B.  Roches éruptives. — Le versant sud et toute la partie orientale du massif de Ménerville sont constitués par des roches d'origine interne, des granites à grain plus ou moins fin, dont l'émission s'est produite vers la fin de la période éocène (tertiaire inférieur). Ces granités sont souvent décomposés à la surface, où les petits cristaux de feldspath, de quartz et de mica noir, qui en constituent les éléments, restent encore juxtaposés, dans les parties du sol qui n'ont pas été remaniées par le ravinement des eaux courantes. Sur beaucoup de points, où l'altération de la roche s'est effectuée d'une façon inégale, le granite présente la structure en sphéroïdes, et de gros blocs arrondis sont en quelque sorte détachés et enveloppés de zones concentriques de la roche altérée. Sur les pentes du versant Ouest, ces blocs, parfois énormes, ont été isolés par l'entraînement des parties friables, et se prêtent facilement à l'exploitation pour pavés.

Une nouvelle émission de roches éruptives, qui s'est produite durant la première phase de la période miocène, a donné lieu à l'épanchement des liparites, roches de teinte et de texture variée, tantôt à fond vert ou violacé avec cristaux de mica noir, tantôt à aspect grisâtre plus ou moins foncé. Ces liparites forment des amas rocheux plus ou moins puissants, dont le plus important occupe toute la masse du dôme de Sidi-Feredj (452 m.). Elles traversent en filons les schistes anciens et le granite, dont elles partagent souvent le mode d'altération. Ces roches se modifient et deviennent très claires et même blanches au promontoire qui a reçu d'après leur aspect, le nom de Cap Blanc.

C. Formations tertiaires[2]. — La dépression de Ménerville, ainsi que les collines qui en dépendent, la région mamelonnée qui s'étend à l'Est et la plate-forme qui s'abaisse vers l'Ouest, sont constituées par des terrains de nature variée qui se sont déposés aux diverses phases de la période néogène, et dont le ravinement et le creusement par les eaux courantes se sont effectués depuis la fin de l'époque pliocène.

Un essai de reconstitution de l'histoire géologique de la région durant les dernières phases de l'ère tertiaire fera mieux comprendre qu'une nomenclature, toujours trop aride, la succession des phénomènes qui ont produit la variété des terrains déposés successivement.

Jusqu'au début de la période miocène, le massif du Nord de Ménerville était rattaché au massif des Khachna, et probablement vers l'Ouest se reliait à Matifou et à Bouzaréa. C'est seulement à cette époque que, par suite d'un affaissement, qui a été peut-être la conséquence des mouvements et des dislocations précédant la venue des roches éruptives (liparites), une dépression s'est creusée par laquelle la mer a pénétré en un détroit, en s'étendant dans un long et étroit bassin jusqu'au pied des montagnes de l'Akfadou, vers Azazga. Ce détroit est l'origine du Col de Ménerville.

Miocène inférieur. — Les premiers dépôts marins appartenant à cette période et qui ont été désignés sous le nom d'étage Cartennién[3], se composent d'une puissante accumulation de débris roulés, cimentés en poudingue plus ou moins compacte, de toutes les roches du massif ancien, sur le bord duquel ces fragments arrachés ont été déposés sur le rivage. Ces poudingues occupent une zone continue sur tout le flanc du massif ancien de la Kabylie.

Peu à peu les éléments roulés deviennent moins grossiers ; ce sont des sables, dont les grains soudés en un grès gris-bleuâtre et jaunâtre, englobent les coquilles marines qui peuplaient ce rivage, des mollusques, de grands oursins et des dents de .squales que l'on trouve dans les carrières de grès de Bellefontaine et de Souk-el-Had. Dans la partie profonde du détroit se sont déposées des boues calcaires qui, par durcissement, sont devenues des marnes bleuâtres, dures, dans lesquelles les coquilles marines se sont rarement conservées ; sur les bords ces marnes se sont intercalées de lits de grès. Tous ces dépôts successifs atteignent une grande épaisseur, 200 à 300 mètres.

Ce sont ces marnes de l'étage Cartennien qui occupent le fond de là dépression de Ménerville. et qui forment actuellement les deux versants mamelonnés et broussailleux de l'Oued Bou-Merdès et les coteaux au Nord de la ligne de Tizi-Ouzou. Les poudingues inférieurs s'élèvent sur le flanc du Djebel Habedda. au Sud, jusqu'à l'altitude de près de 350 mètres, et forment au Sud Est une partie des mamelons boisés que contourne la voie ferrée de Constantine, au Djebel Balloul, etc.

 

Miocène moyen. — Ces dépôts avaient en partie comblé le détroit, d'où la mer s'est momentanément retirée pour revenir, durant la phase suivante, déposer une assise d'argiles et de grès jaunâtres et rougeâtres, qui ont conservé des bancs entiers de très grandes huîtres à coquille épaisse, l’Ostrea crassissima, que l'on retrouve sur différents points au Sud Est, à 3 kilomètres sur la ligne de Palestro, et à l'Ouest, vers le marabout Sidi Bou-Zid. Ces dépôts de la deuxième époque miocène correspondent à l'étage helvétien[4]

 

Miocène supérieur. — Une deuxième émersion par suite de l'exhaussement du détroit, laisse ces terrains exposés aux actions de ravinement par les eaux superficielles, qui en entraînent la majeure partie et n'en laissent que des lambeaux à l'Ouest et à l'Est du versant sud de la dépression. Un nouvel affaissement se produit, s'étendant non seulement sur l'emplacement du détroit mais à l'Est et au Nord ; la mer revient, enveloppant presque complètement le massif de Ménerville. sauf à la pointe Nord-Ouest. Durant cette troisième époque miocène, correspondant à l'étage Sahêlien[5] la mer calme et profonde, dépose des argiles bleuâtres, homogènes, sauf sur les bords du rivage, où elles sont intercalées de petites couches de sables ou de graviers, dans lesquelles se sont mieux conservées les coquilles de mollusques. Ces argiles marneuses renferment une faible proportion de calcaire ; leur épaisseur peut atteindre 150 mètres. Elles forment les collines dénudées de Bellefontaine, dans lesquelles les ravinements et surtout les tranchées du chemin de fer occasionnent des glissements et des éboulements à la suite des pluies. Ces argiles s'étendent sur le versant Est de la dépression de Ménerville, et dans toute la région des collines de Blad-Guitoun et d'Isserbourg.

Le dépôt de ces argiles sahéliennes a été suivi d'une émersion par le retrait de la mer vers l'Ouest, probablement pendant toute la durée de la première phase pliocène. Ce déplacement de rivages a été, sans doute, la conséquence d'un mouvement orogénique qui s'est traduit par la production d'une grande ligne de fracture à la bordure Sud du massif du Djebel Bou-Arous.

 

Faille de Ménerville. — Cette ligne de fracture est la faille de Ménerville, qui trace une limite nette au massif de granité et de liparite, en mettant ces roches en contact avec les marnes du Cartennien, et les argiles sahéliennes. Cet accident a été vraisemblablement la répercussion des cassures qui avaient donné antérieurement passage aux émissions de roches granitiques et liparitiques. La faille s'étend régulière sur une longueur d'environ 10 kilomètres, avec une direction N, 68°0, et paraît se prolonger au N.O, vers l'embouchure du Bou-Douaou, au Sud-Est, au flanc du Dra Zeg-Etter, au-delà d'Isserville. Elle constitue ainsi l'un des traits les plus saillants de la structure tectonique de cette région. Cette faille a ainsi tracé depuis cette époque la limite nette du massif Nord et de la dépression de Ménerville.

 

Pliocène récent. — Durant la phase d'émersion qui correspond au Pliocène ancien, les actions de ravinement par les eaux courantes se sont exercées avec, activité sur les argiles sahéliennes qui ont été enlevées sur de grandes étendues, dans toute leur épaisseur, principalement à l'Ouest du Col. Puis un nouvel affaissement de la région a ramené de l'Ouest, les eaux marines, toujours par la même trouée, au seuil de Ménerville, mais en s'étendant, cette fois, sur tout le Nord du massif vers l'emplacement de Courbet (Zamouri). Cette pénétration de la mer, à la fin de la période pliocène, a laissé comme dépôts des sables jaunes ou rougeâtres, légèrement argileux, dont les témoins couvrent les hauteurs de la bordure Sud du Col jusque vers la cote 230. Ces dépôts se sont effectués sous une faible profondeur d'eau ; leur épaisseur moyenne est de 15 à 20 mètres. Sur la bordure occidentale du massif ancien, vers le Coudiat Nador, les sables, très fortement colorés en rouge, sont mélangés de lits de graviers blancs, grains de quartz, dont les débris couvrent le sol, et qui témoignent de l'existence d'une plage basse. Sur le versant Nord de la dépression de Ménerville, se déposaient à cette époque, sous l'influence du ruissellement, et des courants d'eau torrentiels qui descendaient du Nord, des sables grossiers, des lits de graviers, avec des blocs roulés plus ou moins volumineux arrachés au flanc de la masse granitique et liparitique. Ces dépôts d'alluvion se sont, par places, cimentés en poudingues intercalés dans les sables grossiers qui sont exploités en particulier à la ballastièrè de Ménerville.

Cette formation pliocène de sables fins et graviers blancs, représente le dernier terme des dépôts dus à la sédimentation marine. Vers la fin de la période pliocène, par un exhaussement progressif du sol, la mer se retire lentement vers l'Ouest, abandonnant dans chacune de ses phases de retrait, des sables rougeâtres, et des graviers sur ses plages ; ces sables recouvrent comme d'un manteau continu le plateau de Bellefontaine et du Corso.

 

Dépôts quaternaires — Pendant la phase pléistocène (quaternaire ancien) le retrait de la mer s'accentue progressivement par une succession de mouvements dus probablement à l'exhaussement du sol, jusqu'à la limite de ses rivages actuels.

 

Creusement des vallées et Alluvionnement. — A partir du moment où la mer abandonne définitivement la dépression de Ménerville, en abaissant sont niveau relatif, les ravins se creusent plus profondément dans les massifs anciens et l'écoulement des eaux entaille avec une grande facilité les terrains meubles, sables pliocènes d'abord, puis les argiles sahéliennes et les marnes du Cartennien, de la dépression de Ménerville. A l'Est, le creusement progressif de la vallée de l’Isser, suivant une série de phases qui ont été très nettement mises en évidence par M. de Lamothe[6], entraîne sur ce versant de la dépression la formation d'une petite vallée, l'Oued-Arbia, dont la pente s'abaisse rapidement. A l'Ouest, c'est vers l'Oued Bou-Merdès que convergent les torrents à pente plus adoucie.

Ce travail de creusement qui s'est effectué durant les diverses phases de la période pléistocène, jusqu'à l'époque récente où la vallée de l’Isser étalait ses eaux de débordement sur les surfaces facilement aplanies des argiles sahéliennes, a eu comme contre coup la formation de dépôts d'alluvions, dont les plus anciennes se composent de la superposition de lits caillouteux et argilo-sableux, (Oued Bou-froun) et les plus récentes, dans les parties basses des vallées, de limons argilo-sableux et argileux (Oued Arbia et plaine de l’Isser). Les éléments des alluvions caillouteuses renferment les débris roulés de toutes les roches plus ou moins dures des massifs voisins ; ce sont principalement des fragments de schistes, des graviers de quartz, de granité, de quartzite et de grès. Les limons sont le résultat de la trituration en sables ténus des mêmes éléments, mélangés à l'argile sahélienne remaniée par le lavage des eaux.

3° Agrologie (Nature des sols) et Hydrologie. —

La diversité dans la distribution et l'enchevêtrement des formations géologiques si variées dont nous venons de présenter un aperçu, entraîne une non moins grande variété dans la nature des sols, leurs compositions et leurs aptitudes à la végétation et à la culture. Nous devons nous contenter, dans cette courte notice, d'envisager les caractères physiques de ces terrains, laissant pour une étude plus complète, l'examen des résultats que fournira l'analyse chimique, basée d'une manière rationnelle sur les échantillons prélevés d'après les données que nous allons exposer.

Nous tenterons d'indiquer en même temps la distribution des niveaux aquifères, pouvant servir d'indications pour les recherches d'eau dans cette région.

Au point de vue physique, les divisions naturelles concordent avec les divisions géologiques, qui, d'après ce qui précède, peuvent se réunir en quatre groupes, comprenant :

1° Le massif du Nord de Ménerville (Djebel Bon Arous).

2° Le massif des Beni-Aïcha au Sud (Djebel Habedda).

3° La dépression médiane ;

4° La plaine de l’Isser .

Le défrichement et la mise en valeur de la région de Ménerville est une des œuvres remarquables de la colonisation, qui a pris possession d'un sol très accidenté, presque entièrement couvert de broussailles, et s'est développée activement sur les flancs de montagnes incultes.

massif du nord. Terrains granitiques et schisteux.

 

A.  Terrains granitiques.— Sur tout le versant Sud et  sur la partie Est de là crête du Bou-Arous, le sous-sol est formé par des granités et des liparites, qui, sur les flancs escarpés  et abrupts, ont conservé leur aspect compact et rocheux, et sont recouverts d'une maigre végétation broussailleuse. Mais sur la majeure partie de cette surface, la roche est désagrégée en un sable grossier à grains de quartz et paillettes de mica, et a donné naissance à un sol siliceux, légèrement argileux par la décomposition du feldspath, parfois aussi ferrugineux par décomposition de mica. Le ruissellement sur les pentes faibles a produit, dans quelques dépressions, par l'entraînement  des  particules ténues, des sols plus ou moins argileux, mais sur une faible épaisseur.

D'après les analyses des roches faites par MM. Duparc et Pearce[7], le granite contient une proportion notable de chaux et de potasse et des traces d'acide phosphorique ; les liparites renferment une proportion plus forte de potasse ; il en résulte que les terres provenant de la décomposition décès roches sont, assez riches en potasse, avec un peu d'acide phosphorique.

Ce terrain, en majeure partie couvert de broussailles serrées et de quelques petits boisements, a été soumis sur les pentes sud à un défrichement partiel ; des vignobles importants s'y sont développés, des cultures maraîchères y prospèrent ; autour des gourbis indigènes, des zones de pâturages occupent les dépressions herbacées. La zone des cultures est limitée sur ce terrain par l'extension limitée des parties désagrégées ; sur les autres points, l'épaisseur de la terre végétale est insuffisante pour la végétation. Sur les pentes des ravins, le ruissellement a accumulé par places des dépôts rougeâtres argilo-siliceux, d'une certaine épaisseur.

B.      Terrains  argilo-schisteux.

A la  surface des terrains schisteux, la décomposition superficielle a donné lien à un sol argilo-siliceux, pauvre en chaux, parsemé de menus fragments de quartz ou de débris de feldspath provenant des zones de gneiss; sur les pentes adoucies, la couche de terre végétale est assez épaisse, mais en général la roche se montre à nu sur les arêtes et les sommets; ces contreforts sont couverts de broussailles souvent impénétrables, laissant quelques clairières autour des habitations; des boisements importants de chênes-liège et de chênes-verts occupent les parties élevées.

 

Hydrologie. — L'assise des schistes constitue un terrain imperméable, dans lequel l'infiltration ne se produit qu'à l'aide des filonnets de quartz fendillé qui traversent les schistes en différents sens ; aussi le régime des eaux dans ce terrain est-il très irrégulier, et l'écoulement se traduit par des suintements locaux ou de petites sources à débit généralement faible. Les gneiss, sillonnés de fractures, sont relativement plus perméables, mais les sources y sont également peu abondantes et inégales.

Il n'en est pas de même de la zone des granites et des liparites, qui, par suite de leur désagrégation superficielle et des cassures qui découpent ces roches, représentant un terrain perméable, emmagasinant l'eau à une certaine profondeur. C'est, en résumé, un véritable réservoir, dont l'écoulement donne lieu à de nombreuses sources, aux eaux pures, à débit régulier, dont l'inspection de la carte au 50.000e permet de reconnaître la distribution serrée, notamment dans la partie Est, sous la dépendance de la masse du Sidi-Feredj. C'est à l'une de ces sources que s'alimente la conduite d'eau de Ménerville.

massif du sud. — A. Terrains argilo-schisteux. — Les terrains schisteux du massif ancien des Khachna donnent lieu, parla décomposition superficielle, à un sol argilo-siliceux mélangé de débris schisteux, ne formant de couche végétale d'une certaine épaisseur que sur les pentes et fonds de ravins, tandis que sur les lignes de relief, les schistes se montrent à découvert; le sol est couvert de broussaille plus ou moins serrée, avec quelques petits boisements épars ; des cultures avec plantations de figuiers et d'oliviers autour des villages kabyles.

Le terrain étant imperméable, si ce n'est pas les fissures et les filons de quartz, le régime des eaux est très irrégulier, les sources en général peu abondantes.

B. Terrain détritique. — Au flanc Nord s'étend la zone des poudingues miocènes, formés de débris de roches anciennes, fragments de schistes, graviers de quartz, débris roulés de calcaires ; ces fragments, parfois faiblement cimentés, se désagrègent, et le sol est couvert de débris meubles au milieu d'une terre argilo-siliceuse; cette zone de la montagne est en général plus boisée que celle des schistes, le sol est couvert d'une broussaille impénétrable, et de boisements de chênes-liège. Les bancs de grès qui surmontent ces poudingues sont en général assez durs pour être exploités comme pierres d'appareil et de construction; la surface des bancs s'effrite et forme un sol siliceux, détritique, broussailleux.

Hlydrologie. — Ces poudingues et grès sont assez perméables et renferment une nappe aquifère qui s'enfonce en profondeur par suite de l'inclinaison constante des couches sous la dépression de Ménerville. Cette nappe peut être atteinte, à la bordure des affleurements, par des puits peu profonds.

dépression centrale. — C'est la zone des coteaux de Ménerville, région accidentée, mamelonnée et ravinée, impropre à la grande culture.

Les terrains y sont de composition variée par suite de la complexité de structure géologique, dont la succession des formations tertiaires, miocènes et pliocènes nous donne une idée.

On peut constater une différence notable entre les deux versants Est et Ouest ; la zone orientale la mieux cultivée et utilisée, avec de nombreuses fermes, se rattache à la plaine de Tisser et à la grande zone des cultures de la Basse Kabylie; la zone occidentale est en majeure partie couverte de broussailles.

A.  Sol marno-calcaire. — A l'Ouest dominent, en effet, sur les deux versants de l'Oued Bou-froun, les marnes calcaires du Cartennien, roches compactes qui se désagrègent difficilement en une pellicule mince de terre marneuse, à sous-sol dur et difficile à travailler, qui ne porte guère que des broussailles, sauf sur les pentes où le ruissellement a accumulé une couche suffisamment épaisse.

Ce sol a été défriché seulement sur de faibles surfaces, à l'Ouest dans les conditions les plus favorables ; mais dans la majeure partie de son étendue, il est stérile, et forme des talus à pente plus ou moins rigide, ravinés d'une infinité de sillons qui mettent à nu la roche grise, imperméable, sans eau.

B.   Sol argileux. — Les argiles sahéliennes, qui occupent les pentes des mamelons à l'Est du Col, et qui ont une extension considérable dans la région des collines de l’Isser, ont donné lieu par la désagrégation superficielle, à un sol argileux, qui se détrempe avec la plus grande facilité sous l'action des eaux pluviales, et dont l'érosion provoque des glissements qui rendent très délicate l'installation des travaux de communication, routes et chemins de fer; les chemins et sentiers y sont toujours très boueux après les pluies, et la traversée de ses terrains reste longtemps pénible. Ce sol est propice à la culture des céréales, peu favorable à la vigne; dans les bas-fonds se développent les herbes fourragères. En dehors des cultures, le sol est gazonné, privé de broussailles et d'arbres, qui peuvent difficilement prospérer sur ce terrain instable. Ces argiles sont absolument imperméables.

C.  Sols sablonneux et graveleux. — Sur le revers Sud de la dépression, les sables jaunes et rougeâtres du pliocène, légèrement mélangés d'argiles et de petits graviers, constituent un sol sablonneux léger, qui est encore couvert presque entièrement de broussailles sur le plateau de Bellefontaine et du Corso. Le défrichement s'empare peu à peu de ce terrain propice à la culture de la vigne, et qui a été en majeure partie utilisé dans ce sens aux alentours de Ménerville. Dans les parties où ces sables surmontent les argiles sahéliennes, l'entraînement par ruissellement de ce terrain friable sur les pentes argileuses a donné lieu à un sol argilo-sableux,

Au Nord de Ménerville, l'assise pliocène des sables grossiers et poudingues à galets et blocs de granité correspond, à la surface, à un terrain sablonneux et graveleux, d'épaisseur variable, suivant l'étendue des ravinements; au voisinage du Col, ce terrain sablonneux est mélangé à l'argile sous-jacente, et devient argilo-sableux. Ce sol sablonneux et graveleux est en grande partie défriché et couvert de vignobles prospères. Dans les ravinements à sol argilo-sableux la culture maraîchère a trouvé à s'installer. Dans les parties élevées qui dominent au-Nord Ouest, les pentes ravinées sont encore presque entièrement couvertes de broussailles.

Ces terrains sablonneux, plus ou moins grossiers sont perméables, et grâce à leur situation au-dessus des marnes et argiles imperméables, renferment une nappe aquifère que l'on atteint facilement par des puits à faible profondeur.

D. Terrains d'alluvion. — Ces terrains qui résultent du lessivage des parties meubles de la surface, et de leur entraînement par les eaux courantes, dans le lit des torrents et ruisseaux qui les ont déposés sur les pentes adoucies par l'étalement du courant, ont une composition très variable, tant au point de vue physique que chimique : ils renferment en effet, les débris, plus ou moins volumineux, les parcelles ténues résultant de la trituration des éléments de toutes les roches soumises à l'érosion. Par suite de la complexité des terrains, le mélange de ces différents matériaux, provenant des sols les plus variés dont nous avons examiné la distribution, a produit des dépôts et un sol d'une grande fertilité; ce sont les terres d'alluvion.

Dans ces alluvions, on peut distinguer les dépôts les plus anciens, contemporains des phases successives de creusement des vallées, et les dépôts récents résultant des actions de débordement des cours d'eau. Les alluvions anciennes d'e la période quaternaire sont formées par des épaisseurs plus ou moins grandes de lits de cailloux et graviers, avec sables grossiers, qui sont plus ou moins cohérents, et quelques zones limoneuses; le sol est caillouteux, avec un peu d'argile. La nature des alluvions varie aussi avec le terrain encaissant; elles sont plus argileuses dans les vallées creusées dans l'assise argileuse sahélienne, et le sol est limono-caillouteux. Ces dépôts d'alluvions anciennes se trouvent à des niveaux plus ou moins élevés au-dessus du fond des vallées actuelles; ils ont été, comme tous les terrains voisins, soumis à l'érosion superficielle qui a fait le plus souvent disparaître la couche limoneuse supérieure, en ne laissant que les lits caillouteux. Ces alluvions constituent des terrasses au flanc des coteaux ou même à la surface des argiles sahéliennes, ainsi que cela se présente autour de Blad -Guitoun; ailleurs elles forment les berges plus ou moins élevées des ravins (Oued Bou-froun). Ces sols caillouteux généralement couverts de broussailles, peuvent être complantés en vignes.

Les alluvions récentes sont le résultat de l'étalement des cours d'eau actuels, au moment des crues d'une, période récente. La partie inférieure en est formée de lits de graviers et de limons argilo-sableux, et la partie supérieure comporte une couche plus ou moins épaisse de limon argileux ou sableux, suivant la nature des terrains du bassin de réception. C'est un sol limoneux qui renferme tous les éléments de fertilisation, et qui convient à la culture des céréales, ou de la vigne, ou au jardinage.

La plaine de l’Isser réalise ces conditions favorables à la grande culture.

Au point de vue hydrologique, les lits caillouteux perméables renferment une nappe aquifère qui est le résultat, soit de l'infiltration des eaux superficielles, soit de l'écoulement des nappes contenues dans les couches perméables qui se trouvent au contact. Dans les alluvions récentes, la couche limoneuse supérieure forme une couverture de protection contre l'évaporation; les puits qui pénètrent dans la nappe caillouteuse rencontrent le niveau aquifère à une profondeur généralement faible,

•4° Conclusion. — Les considérations qui précèdent peu vent se résumer en un tableau mettant en parallèle les différentes forma­tions géologiques signalées avec la nature physique des sols, et qui sont indiquées dans la petite carte ci-jointe. (PI. 1)


 

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FORMATIONS GEOLOGIQUES

 

Massif ancien : Schistes et gneiss……………….....

 Roches éruptives : Granité et liparite……………..

Poudingues et grès cartenniens…………………….

Marnes du Cartennien……………………………..

Argiles et grès helvétiens…………………………..

Argiles  sahéliennes………………………………...

Sables jaunes pliocènes…………………………….

 

Sables grossiers et poudingues……………………..

 

Alluvions anciennes………………………………..

 

 Alluvions récentes………………………………....


 

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NATURE  DES  SOLS

 

Sol argilo-détritique.

Sol siliceux granitique.

Sol caillouteux détritique.

Sol marno-calcaire.

Sot argilo-sableux.

Sol argileux.

Sol argileux-sableux.

Sol sablonneux.

Sol sablo-graveleux.

 

Sol caillouteux.

Sol limono-caillouteux.

Sol limoneux.

 


 

 

Résumé sur l'hydrologie de la dépression de Ménerville. — Laissant de côté les massifs anciens du Nord et du Sud, dont nous avons indiqué ci-dessus les conditions hydrologiques, il convient d'examiner la disposition des terrains tertiaires qui occupent la dépression de Ménerville pour en déduire quelques considérations sur le régime des eaux en profondeur, Les coupes géologiques (PI. II, fig. 2, 3 et 4) expliquent mieux qu'une longue description les relations des différentes assises.

Le fond de la dépression est occupé par l'assise des marnes du Cartennien, dont l'épaisseur, variable suivant les points, ne doit pas être inférieure à 150 mètres. Ces marnes surmontent les grès et poudingues qui sont appuyés sur les schistes anciens. L'ensemble est disposé en une cuvette synclinale, dont le bord Sud est fortement relevé, tandis que sur le flanc Nord les marnes vont butter contre la faille qui les met en contact avec les roches granitiques et liparitiques. A l'Est, (fig. 4), une fracture F2 a partagé la cuvette et relevé la zone des poudingues sur une deuxième ligne. En outre, le versant Est de la dépression a subi un affaissement qui a abaissé le niveau d'affleurement des marnes ; tandis qu'à l'Ouest, les marnes cartenniennes occupent les hauteurs jusqu'à 234 mètres, vers l'Est, elles descendent presque au niveau de la plaine. Il en résulte que de ce côté les argiles sahéliennes surmontant, soit les marnes, soit les poudingues, occupent la majeure partie des mamelons qui bordent l'Oued-el-Arbia, tandis que de l'autre côté, ces argiles ne sont représentées que par des lambeaux relativement élevés.

Ces marnes et ces argiles, quelle que soit leur situation, sont absolument imperméables, et ne peuvent renfermer la moindre nappe d'eau.

L'assise des poudingues cartenniens est assez perméable, mais la majeure partie de l'eau qu'ils recueillent s'écoule en profondeur sous les marnes, par suite de la forte inclinaison des bancs, et vient alimenter une nappe souterraine que nous examinerons plus loin. Cependant, comme par suite du ravinement des marnes, ou de petites fractures secondaires, les argiles sahéliennes se montrent dans la petite cuvette de l'Oued Rhoura, en contact avec les poudingues, il peut se produire à ce niveau des suintements pouvant alimenter des puits, ou de petites sources.

C'est seulement au-dessus des marnes et des argiles que l'on retrouve une assise perméable, aquifère, formée parles sables jaunes pliocènes et par les sables, graviers et poudingues qui s'étendent au Nord du Col. Ces couches étant légèrement relevées de part et d'autre du Col, la nappe aquifère qu'elles renferment, maintenue par les marnes, a une tendance à descendre vers la dépression centrale ; c'est cette nappe qui alimente les puits creusés sur les pentes inférieures de ce terrain. Mais, par suite de la faible surface d'affleurement de ses couches sableuses, moins de 1/2 kilomètre carré, au Nord comme au Sud, la nappe est évidem­ment peu importante. Elle a son écoulement naturel dans les alluvions caillouteuses qui se trouvent en contre-bas.

Ce sont les alluvions caillouteuses qui, dans les dépressions plus ou moins larges qui bordent les ravins s'écoulant de part et d'autre du Col à l'Ouest et à l'Est, emmagasinent la majeure partie des eaux de ruissellement et recueillent une partie des infiltrations des cours d'eau. C'est dans ces terrains caillouteux, soit dans les alluvions anciennes, soit dans les alluvions récentes que la nappe aquifère est la plus constante, et que des puits généralement peu profonds en atteignent le niveau. Ce sont ces puits qui alimentent la plupart des propriétés et des fermes situées au voisinage du thalweg des vallons.

En résumé, en dehors de ces terrains d'alluvion et des surfaces d'affleurement des sables et graviers pliocènes, le territoire est pauvre en eau, exception faite pour les sources du terrain granitique.

Il nous reste à examiner la disposition des nappes profondes.

Une seule assise est susceptible de produire une nappe souterraine. C'est l'assise des poudingues et grès cartenniens, qui affleurent au Sud sur une certaine largeur et sur une zone presque continue, sur le flanc du Djebel Habedda, à une altitude variant entre 200 et 350 mètres.

La nappe aquifère que renferme cette assise s'enfonce en profondeur vers le centre de la cuvette maintenue en pression par l'épaisseur de l'assise des marnes imperméables, qui peut avoir 150 mètres. Au Nord, il est probable que ces poudingues se relèvent en s'appliquant contre la t'aille de contact avec les granites. On pourrait donc, d'après cette disposition, considérer les conditions comme favorables à l'existence d'un petit bassin artésien ; mais des objections très sérieuses se présentent.

1° L'affleurement de la zone des poudingues ne se maintient pas à l'altitude qu'elle présente au-dessus du Col ; à l'Est, les couches s'abaissent, et viennent se terminer au flanc du Djebel Balloul, à un niveau peu élevé (45 mètres, auprès de Souk-el-Hâd). Cette altitude étant bien inférieure à celle du Col, l'ascension de l'eau dans un forage profond ne pourra s'élever au-dessus de ce niveau, et l'eau ne pourra,, en aucun cas, atteindre l'altitude du Col. La nappe rencontrée ne pourrait être jaillissante, à peine ascendante.

2° Les poudingues, au Sud-Est du Col, sont disloqués par des failles, dont l'indication est donnée au flanc Est du Djebel Habedda, en sorte que la nappe aquifère doit s'infiltrer en profondeur.

Il en résulte que les conditions sont défavorables à la réussite d'un sondage profond au Col, ou dans le voisinage de Ménerville.

 

 

 

 

 E. FICHEUR,  rofesseur de Géologie

 


 

[1] (1) Carte Géologique détaillée de l'Algérie, publiée par le Service de la Carte Géologique. Feuilles de Ménerville et de Palestre.

 

[2]  E. ficheur. — Description géologique de la Kabylie du Djurjura, Alger 1890.

[3]  De Cartennœ (Ténès), terme appliqué par Pomel en 1857

[4]  de Helvétia,. à cause de son développement sur le plateau Suisse.

[5]  de Sahel, nom donné par Pomel (1858).

 

[6] De LAMOTHE 6 Les anciennes plages et les terrasses du bassin de l’Isser .(Bull.Soc.Géol.de France, 1899.p.257).

[7] — Les s roches éruptives des environs de Ménerville,   Genève